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Association Afrique Bénin Cancale Dol
11 décembre 2019

Châtaigne vivante

                                   Châtaigne vivante.

                   

« Je suis un petit mammifère.  

  Je suis un insectivore.

  Je suis sympathique.

  Qui suis-je ?

  En 60, j’étais un nuisible, en 70, je passe au stade des utiles.      ( les humains ne cherchons pas !)

  Les jardiniers m’apprécient.

  J’aime les limaces.

  Qui suis-je ?

  J’ai des cousins en Chine, en Ethiopie, en Mongolie…

  Le porc- épique n’est pas de ma famille. Et non !                

  Les taupes, les musaraignes sont des ancêtres lointains.

  Qui suis-je ?

  J’aime la nuit et ses secrets.

  Mes poils sont agglomérés et forment des piquants.

  Face à la peur je me recroqueville en boule.

  Qui suis-je ? » 

   

Dessin tiré d’un livre d’enfant

                       «  Et oui, je suis le hérisson ! ».

    A la nuit tombante, je rentrais chez moi, éclairée  par intermittence par les phares de voitures, en me récitant une poésie de Maurice Carême.

« Bien que je sois très pacifique

  Ce que je pique et pique et pique,

  Se lamentait le Hérisson.

  Je n’ai pas un seul compagnon

  Je suis pareil à un buisson… »

     Le nez en l’air, je humais en ville les premières senteurs de l’automne, mélange d’humus, de froid, de souvenirs d’enfance et de gaz d’échappement.

 

     Rêveuse les pieds dans le bruissement des feuilles racornies, j’admirais le vol des papillons nocturnes planant, flottant, tournoyant avant de rejoindre le tapis dans les camaïeux bruns brodés de saphirs. Je repérais celles, qui avec panache, quittaient l’existence avec leurs atours flamboyant de carmin, de vermillon, de pourpre, valsant jusqu’aux derniers instants. Je notais les avares emportant leur or. Il y avait aussi les épicuriennes avec leurs jaunes safranés ou orangés et les résignées dont la parure allait vers les tons tabac, sienne, terre brûlée.

 Tout à coup, ma tennis heurta un objet mou. Je me baissais et vis recouvert d’un amas de feuilles, une grosse bogue de châtaigne marron terreux.

En regardant de près, je découvris Messire Hérisson qui partait en goguette.

 

Je lui tins ce langage :

« Inconscient ! Tu veux ta mort ! Entre les camions, les voitures, les vélos, les trottinettes… »

A ma surprise il leva son museau pointu et me répondit :

«  Crois- tu donc que c’est pour le plaisir que je suis citadin ? Il me faut vivre là où est la nourriture.  Crois –moi, de nos jours ; les hérissons citadins ont une densité au mètre carré plus importante que celle des hérissons campagnards. 

  Emerveillée d’un tel savoir chez un si petit être, je repris :

«  Certes ! Mais as-tu vu tous tes confrères transformés en galette sur l’asphalte ? »

  A ceci il me répondit de sa voix pointue :

«  Nous sommes soit disant, une espèce protégée mais tous les ophtalmologistes refusent de nous donner des lunettes. Elles sont chères et nous n’avons ni sécurité sociale, ni mutuelle. Crois –tu qu’il nous faudrait manifester Avenue des Champs Elysée ? »

« A te parler franchement, il me semble que le gouvernement actuel a d’autres préoccupations. Mais si tu le souhaites, Monsieur le hérisson, je peux t’emmener dans mon jardin. »

  

« Je n’ai que deux ans. Mon grand-père est mort à dix ans. Je ne tiens pas à mourir prématurément dans d’atroces souffrances en raison de limaces contaminées par des produits chimiques ».

D’un ton ferme je lui affirmais que je mangeais des escargots et ne semais pas à tous vents des anti-limaces. Au pire, il risquait de devenir ivre car je combattais car je combattais les limaces avec de la bière.Il me soutint que les limaces à la bière étaient un délice. Il  s’engagea à ne manger que les limaces pour me laisser les escargots.

L’affaire fut conclue, sans contrat, bien qu’il m’assura savoir signer. Nous nous contentâmes de cracher, de jurer et d’ajouter : «  croix de fer, croix de bois qui s’en dédit terminera en enfer. »

   Le temps passa. La cohabitation était agréable. Pour le récompenser de son travail, je l’autorisais à manger avec mon chat débonnaire.

    Ayant pris ses aises, un matin, Monsieur, peu amène, vint frapper à ma porte avec sa petite patte de velours, le tout dès potron-minet. Ensommeillée, dans ma robe de chambre, je regardais mon hôte, le nez pointé vers moi, sur le pas de la porte. Etait-ce une heure pour toquer ? Le chat, Mon chat, selon lui, mangeait trop.    

     J’eus alors, avec le frondeur, une conversation des plus instructives à propos de son cousin qui était décédé à Pampam et n’avait eu qu’un estomac humain comme sépulture. De ce jour, Messire Pic limita sa consommation de limaces à la bière, et redevint satisfait de son hébergeuse.

     La prochaine fois, je vous conterai l’histoire d’Okpo qui eut beaucoup moins de chance que mon ami le contestataire.

Les photos de hérisson ont été prises sur le site de wikipédia. Merci à eux

Evelyne

 

 

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