Les baobabs vus par Myriam

Le Baobab est l’arbre mythique de l’Afrique. Si vous n’en avez jamais vu venez voir celui de mon village.

Le soir, les anciens du village sous ses branches racines, d’où son nom d’arbre racine, disent qu’il a plus de mille ans. Je ne sais pas si c’est vrai mais je sais qu’il est le plus grand arbre que je connaisse. Dès que vous le verrez de la piste vous l’identifierez avec sa haute taille. Il est si haut que moi, Myriam, je pense qu’il est plus grand que vos maisons à étages. Mon père dit qu’il fait au moins 25 mètres de haut. Moi je sais qu’il faut se mettre à plusieurs enfants pour entourer son tronc (diamètre pouvant atteindre 22 cm).

 

Dans certaines régions le baobab s’appelle arbre bouteille en raison de sa forme. Mais aussi parce que son tronc stocke plusieurs milliers de litres d’eau.

Au village on dit que si les hommes respectent la nature dans mille ans il pourra encore être là. Cependant cela dépend aussi de la nature. Les racines des vieux baobabs sont peu profondes (2 m). Ces géants sont donc très sensibles aux tempêtes et aux orages. Suite à une grande tempête il y a près du marigot où les vaches boivent un baobab couché dans l’herbe.   

Les baobabs vivent donc très longtemps et ils poussent lentement. Leur donner un âge est difficile. Si on les coupe pour calculer leur âge, sur la surface de la coupe, ils ne seront jamais vieux. Mais surtout contrairement aux autres arbres ils ne forment pas un cercle de développement par an.

Le baobab du village est creux. Il sert maintenant de cabane aux outils. Ma grand-mère dit que sa grand-mère lui disait qu’enfant elle avait vu un homme vivre à l’intérieur. Parfois ces géants servent de sépulture pour les griots. Beaucoup d’animaux vivent dans ses branches.     

Baobab creux, route de Boukombé

 

Les branches racines perdent leurs feuilles à la saison sèche. A cette saison j’aime écouter sous l’arbre à palabre un conte. Beaucoup de légendes existent sur cet arbre typique de l’Afrique tropicale.

      baobabs pays Dogon , Mali

Il y a bien longtemps les esprits de la savane proposèrent aux animaux de planter des arbres. Ils distribuèrent à chaque animal une espèce d’arbre. Ce jour là la hyène était en retard. Comme elle était la dernière, elle reçut le dernier arbre. C’était un baobab. Elle était tellement en colère qu’elle le planta à l’envers. Ceci explique l’aspect de cet arbre à l’envers.

   situation des baobabs, zone jaune

Lorsque je reviens de travailler des champs, après avoir aidé ma mère à cuire la bouillie de mil où le gari (obtenu à partir du manioc) j’aime avec mon bol manger sous l’arbre de vérité. Lorsqu’on pense qu’une personne ment on l’emmène sous un baobab. Là elle crache pour prouver son innocence. Le baobab dans certaines régions détient le droit d’asile comme chez vous au Moyen âge les églises.

A la fin de la saison sèche, ou au tout début de la saison des pluies, alors que les feuilles commencent à repousser les fleurs apparaissent. Elles sont magnifiques et immenses. Souvent avant qu’il ne fasse nuit je viens voir les nouvelles fleurs. Leur odeur de soufre aigre ne m’attire pas mais j’aime leur large corolle avec ses cinq pétales blancs. La saison des fleurs est courte, c’est pourquoi il faut en profiter surtout qu’une fleur ne vit que 12 heures. Les fleurs s’ouvrent le soir et meurent le matin. A la saison je regarde les fleurs tombées. Régulièrement elles ont des traces de griffures marrons. Ma mère m’a expliqué que c’était des griffures de roussettes (chauve souris) qui durant la nuit vont sur les fleurs. (La pollinisation est assurée grâce aux roussettes).

                   Fleurs                                                                                                

 Fruits de Baobab

Le baobab donne de gros fruits verts et duveteux. Leur coque est si dure que lorsqu’elle devient marron on peut les utiliser comme calebasses. J’aime le goût acidulé des graines de ce fruit. Parfois ma mère les grille ou les roule dans du sucre. Elle les utilise aussi pour épaissir les soupes.

Lorsque le fruit est mûr la pulpe devient marron et a perdu son eau. Alors je la transforme en poudre et l’utilise pour faire des sauces ou des boissons. Prés de Boukombé ma sœur travaille dans une coopérative qui utilise les richesses du baobab. Elle dit que la chair des fruits est très riche. Elle comporte six fois plus de vitamines C que les oranges, deux fois plus de calcium que le lait. C’est bien car nos vaches ne donnent qu’un litre de lait par jour. Elle renferme aussi des vitamines A, E, B1, B2, B3 et B6 auxquels s’ajoutent du zinc, du fer, de magnésium, de manganèse, du potassium. J’aime le gout acidulé de ce lait de « pain de singe ». On appelle ces fruits pain de singes car les singes aiment aussi les manger.

      Fruit à maturité

Les racines et les jeunes pousses se mangent dans certaines régions comme des asperges. Ici nous mangeons les feuilles cuites ou dans des sauces gluantes.    

Les femmes en ville utilisent des produits de beauté fabriqués à partir du baobab : masques, crème, lotions.

Les gens qui connaissent les secrets des plantes utilisent les feuilles en tisane pour lutter contre le paludisme.

Le bois ne peu pas servir à la menuiserie car il est trop spongieux. Mais il est très bien pour faire des flotteurs de filets et parfois des pirogues.

Mon père qui est allé au Mali a vu des ceintures, des paniers, des cordages faits avec l’écorce des baobabs. Il a également vu un endroit où on utilisait la sève pour fabriquer du papier. Cela m’a semblé très important car au village il n’y a pas de papier et le papier permet d’écrire. Je ne sais ni lire ni écrire, comme j’ai beaucoup parlé avec Evelyne, avant de partir elle m’a montré son cahier où elle avait écrit les histoires que je lui avais dites sur les baobabs.

Adresse de la petite coopérative : Boukombé Atacora BP :03-2059

Produits.bien.etre.sante.@gmail.com

www.atacoraessential.com

 baobabs ayant perdu leurs feuilles