la lessive

6 février 2018

A la saison sèche nous avons beaucoup de poussière. A la saison des pluies c’est la boue et les enfants aiment jouer par terre.

Jouons ! A plus tard la corvée d'eau et de lessive.

Nous vivons essentiellement dehors car nos cases sont souvent très petites. Le travail des champs est aussi très salissant. Même si en raison de la pauvreté une partie de la population est souvent sans vêtement la lessive demande du travail. Ce travail est parfois très fatigant car il faut commencer par aller chercher de l’eau. Au village il y a un puits et ce n’est pas très loin. J’ai de la chance car pour certaines il faut aller au marigot et parfois c’est très loin. Dans d’autres régions on va aux chutes d’eau ou directement dans des mares d’eau.

Mare pays Dogon

J’ai entendu dire qu’il existe des machines qui lavent le linge. Si c’est vrai je trouve que c’est une très belle invention car les femmes doivent avoir beaucoup plus de temps pour aller chercher le bois, travailler dans les champs….

Chute d'eau, chacun son tour

remontée de l'eau.

Evelyne, la blanche, m’a expliqué que les machines marchent en prenant directement l’eau dans la maison. Il leur faut aussi de l’électricité. J’aurai bien voulu qu’on me donne une machine mais ici cela ne servirait à rien car personne au village n’a de l’eau dans la maison. Chez la personne la plus riche du village il y a de l’électricité. Elle utilise un groupe électrogène mais comme l’essence est chère et souvent en rupture elle est souvent sans électricité.

Je connais aussi quelqu’un qui a de l’électricité avec un panneau solaire mais comme la batterie est de mauvaise qualité il faut utiliser la production dans la journée. Il a un congélateur mais je n’ai pas vu de machine à laver.

Même à l’orphelinat des sœurs de Béthanie, où il y a de l’eau dans la maison et de l’électricité, il n’y a pas cette machine.

Ma sœur qui travaille dans une famille riche n’a jamais vu cette machine.

Evelyne dit que c’est peut-être pour donner du travail aux laveuses sinon comment vivraient elles ?

Parfois je vais à Saint Jean pour laver le linge des prêtres qui sont très occupés. Même si c’est fatigant c’est pour moi une sorte de fête. Je me rends à Natitingou en camion. Je profite que quelqu’un passe ou ait besoin de venir au village. Pour revenir on trouve toujours une solution. A Saint Jean je retrouve des amis. Tout en lavant on parle, on rit. Le père Servais demande des nouvelles de la famille. Il nous donne à manger. Parfois il nous donne des bonbons ou un peu d’argent s’il en a. Il est très gentil mais je crois qu’il n’est pas très organisé pour son linge. La dernière fois il devait partir en Italie et deux jours avant il s’est aperçu qu’il avait plein de vêtements sales. Heureusement on a pu venir à trois et il y avait un jeune séminariste qui avait le temps pour repasser. A Saint Jean ils ont un fer à repasser électrique. Jean sait l’utiliser donc c’est allé assez vite. C’était la saison où le linge sèche en deux heures. Heureusement car le fil à linge n’était pas assez long et mettre des aubes blanche à sécher sur les murets ce n’est pas très bien.

Le père Antoine est toujours habillé en noir. Un jour je lui ai demandé pourquoi il n’était pas en blanc comme les autres. Il m’a expliqué que le noir tient très chaud alors un pape (je ne sais plus lequel) a autorisé les prêtres africains à s’habiller en blanc. Le père Antoine trouve que le blanc est trop salissant alors il est retourné vers le noir.

Fer de couturière

A la maison je n’ai pas de fer donc je tire bien le linge avant de l’étaler sur les arbustes. Pour les vêtements du dimanche j’emprunte le fer à repasser d’une cousine et j’y place des braises pour qu’il soit chaud. Evelyne m’a dit que sa grand- mère avait des fers très lourds qu’elle mettait à chauffer sur la cuisinière. Ici comme il n’y a pas de cuisinière on utilise les braises du feu qu’on allume pour faire à manger. Evelyne m’a parlé du temps des bassinoires utilisées pour chauffer les lits en hiver. Pour ceux qui ont la chance d’avoir des lits ce serait peut être bien à la saison des pluies. Elle m’a aussi parlé des chaufferettes que les gens utilisaient le soir. Je trouve que c’était bien car parfois ici il fait très froid. Les Blancs pensent toujours qu’en Afrique il fait toujours très chaud. Cela dépend des endroits et surtout de la saison. En Atakora nous avons l’humidité de la saison des pluies et l’époque du vent froid.