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Association Afrique Bénin Cancale Dol
19 décembre 2018

les châteaux ou rêve et réalité

                      Les châteaux

  Il existe Les châteaux en Espagne,                             

    

    Les châteaux de sable,

      Les châteaux des contes,   

         Les châteaux des rois,

              Et . . .

               Les châteaux d’eau

                                                               Histoire d’un château d’eau

                                                               (Histoire vraie, vécue en août 2018)

     Il y a peu de temps, dans un petit pays d’Afrique, vivait un enfant longiligne aux grands yeux noirs. Il se nommait Etienne. Du haut de ses dix ans, il avait déjà été confronté à la dureté de la vie. Très tôt il avait perdu sa mère. Son père s’était remarié. De nouveaux enfants étaient nés. Très vite Etienne avait découvert qu’il ne connaîtrait plus la douceur d’une maman. Les premiers temps sa belle-mère l’envoyait chercher de l’eau au marigot. Après la naissance de son deuxième demi-frère il fût aussi de corvée de bois. Vint le troisième enfant. Il se dut de garder les petits durant les périodes où les adultes travaillaient dans les champs. Puis la mère de substitution commença à réprimander régulièrement son beau fils. La portion de riz diminua dans l’assiette d’Etienne. Enfin la mégère finit par le frapper. Le père s’en rendit compte mais n’osa pas intervenir. L’année suivante la récolte fût mauvaise. Pour cette pauvre famille, Etienne était visiblement la bouche à nourrir de trop. Il fut décidé qu’il fallait s’en séparer.

Marigot à Pampam

       Un prêtre passait dans ce coin de brousse perdu de l’Atakora. Le père lui expliqua la situation en précisant qu’il pensait envoyer son fils chez une grande-tante qui tenait un minuscule étal à Dantokpa, le grand marché de Cotonou. Cette femme développait son affaire. Elle avait besoin de main d’œuvre à petit prix. Etienne travaillerait à la manutention car généralement la vente est réservée aux filles dont on voit les silhouettes élancées parcourir le marché portant leur marchandise sur la tête. Il ne serait pas payé pour ses services, mais la marchande s’engageait à le nourrir et à l’héberger. Il n’irait pas à l’école mais comme il y était bien peu allé jusque là, cela ne changerait rien à sa situation, au contraire il apprendrait ce qu’était le commerce et très vite il s’assumerait. Le prêtre, tout comme le père, se doutait qu’Etienne risquait très vite de se trouver dans une bien mauvaise situation.

   Le prêtre venait de débuter son château en Espagne : une maison d’accueil pour enfants en difficulté. Cet ancien rêve d’adolescent était passé au stade de projet et commençait à devenir réalité.

    Il proposa de prendre en charge le demi orphelin qui fourra ses hardes trouées dans son unique pull et le suivit. Le jeune garçon n’osait pas parler avec le prêtre. Au Bénin, les enfants bien élevés n’adressent la parole aux adultes que lorsque ceux-ci leur parlent.  L’enfant suivait l’adulte qui finit par ralentir son pas et lui fit signe de marcher à ses côtés. Un début de conversation s’engagea. Etienne s’aperçut que son nouveau tuteur devait être très gentil. Au bout de deux jours de marche, ils arrivèrent à la maison d’accueil. L’enfant se fit la réflexion qu’il y avait encore beaucoup de travail avant que la maison ne soit construite. Il pensa qu’il allait travailler dans le bâtiment. Les jours qui suivirent, Etienne fit connaissance avec les premiers enfants accueillis et alla à l’école. En dehors de l’école, chacun participait, à hauteur de ses capacités, à la vie du camp. Progressivement, comme Etienne était le plus âgé des enfants, il eut le titre de grand frère et devint donc le responsable des enfants. Il était fier de ce statut qu’il assumait de son mieux. Avec l’équipe des plus grands, il participait au puisage de l’eau et au ramassage du bois. Toutes ces activités s’effectuaient dans la joie et la bonne humeur mais prenaient beaucoup de temps. Elles obligeaient chacun à se lever tôt le matin et à prendre du temps sur la période de sieste. Parfois il était difficile de concilier la vie d’écolier et la vie au centre.

 

 Corvée d'eau

    Un jour, une Yovo vint vivre à la maison d’accueil pour quelques semaines. Le matin, dès l’aube, elle observait les enfants accrochant à la corde bleue, usagée par le frottement de la poulie, le vieux bidon jaune promu à l’état de seau. Ce seau improvisé comportait des trous dont les plus gros étaient bouchés avec un lambeau de tissu. Elle pensait alors à ces pirogues usagées où tout en écopant il fallait veiller au maintien des bouchons de tissus. Bien souvent, le seau en remontant ressemblait à une pomme de douche, objet dont les enfants ignoraient l’existence. L’étrangère avait tenté de participer à cette tâche mais les orphelins étaient honteux qu’elle assume le transport de l’eau à leur place. La Blanche avait alors tenté de puiser l’eau. Cette décision avait fait rire aux éclats les enfants car elle était très maladroite pour cette activité ! Fréquemment, la corde sortait de la gorge de la poulie. Et quand enfin le seau se décidait à tomber au fond du puits, il la narguait en flottant à la surface de l’eau. Lorsqu’enfin le bidon plongeait dans l’onde et qu’elle le remontait il contenait peu du précieux liquide. Le groupe se transforma en maître mais la Dame, malgré ses efforts, était une mauvaise élève et ne progressait pas. Elle renonça à aider les petits d’homme.

 Corvée de bois

     Un soir, alors que la majorité de la maisonnée était couchée, la Yovo entendit discrètement frapper à sa porte. Elle dit « entrez ! ». Comme personne ne poussait la porte elle reprit « entrez ! ». N’ayant toujours aucun retour elle se décida à aller ouvrir elle-même : quelle ne fut  pas sa surprise de découvrir sous le patio Etienne qui n’osait pousser la porte. Elle le fit entrer dans sa chambre. Etienne la regardait d’un air inquiet. Elle avait vu sous le patio en retrait du visiteur deux autres enfants mais comme ils se cachaient dans l’ombre elle avait jugé plus sage de les ignorer. L’enfant, après y avoir été invité, s’assit du bout des fesses sur le bord du lit. Comme il ne disait toujours rien, elle lui demanda le but de sa visite.

    L’enfant respira à fond, prit son courage à deux mains et d’une voix mal assurée commença timidement :

   - « T’as vu tous les seaux que nous soulevons toute la journée ?

   - Oui, c’est beaucoup.

  - C’est trop.

  - Oui mais il faut de l’eau pour se laver, pour cuisiner, pour les toilettes, pour le linge, pour boire. 

   Après un court silence Etienne reprit :

- Oui, mais là c’est trop.

  - Alors il faut voir où il faudrait économiser l’eau.

  - A la cuisine.

  - A la cuisine ?

  - Oui, là on n’arrête pas.

  - Tu sais Etienne, je ne me rends pas bien compte mais dans les cuisines il faut de l’eau. Comment pourrions-nous régler ce problème ? 

  L’enfant réfléchit et poursuivit :

 - Les Dames n’aident jamais.

 - Oui, j’ai bien vu, mais elles ont leur travail et moi je ne sais pas si vous aider fait partie de leur travail.

 - Elles crient et n’aident pas, reprit l’enfant.

 

 Une larme roula sur sa joue et un gros soupir s’échappa de sa gorge serrée.

 La Dame Blanche prit dans ses bras le petit contestataire. Elle mit sa tête contre sa poitrine et lui souffla :

   - « Tu sais Etienne les Dames Yovos, même lorsqu’elles sont les amis du prêtre ne sont pas toutes puissantes. De plus, pour moi, la situation est compliquée car je ne sais pas très bien ce que je peux dire ou ne pas dire.   

 Le garçon ne disait rien. Après un temps d’attente la femme lui releva la tête et doucement mais fermement elle reprit :

   - Regarde -moi dans les yeux… Allons Etienne regarde moi dans les yeux et écoute bien : je te promets qu’un jour tu n’aura plus besoin de puiser l’eau !

L’enfant baissa la tête et dit :

  - Tu me dis cela pour me consoler, mais je sais qu’on continuera. 

 La Dame prit le menton de l’enfant dans sa main droite. Elle le força à la regarder et reprit :

  - Tu as confiance en moi et le père… Non ? 

 Un vague oui s’échappa des lèvres si délicatement ourlées.

  - Alors écoute le père Servais et moi réfléchissons pour construire un château d’eau… mais cela coûte cher !

Un long silence s’établit uniquement perturbé par le bruit dangereux d’un moustique. Enfin l’enfant le rompit :

   - Je pense que je serai parti avant la fin de la construction. 

 La  Yovo ne put que le rassurer avec cette phrase :

   - Moi, je pense que tu le verras ce château d’eau … ».

  Aujourd’hui, grâce au cofinancement de trois associations et à la persévérance du père, Etienne et ses amis ont vu leur rêve se réaliser !

  Il leur faut maintenant apprendre que l’eau est un bien précieux qu’il ne faut pas gaspiller…

 

 

 Inauguration du château d'eau du centre à Pampam.

Evelyne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Inauguration du château d’eau le 18/11/2018

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Evelyne

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