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Association Afrique Bénin Cancale Dol
9 avril 2019

Le Petit Nicolas Florida( deuxiéme partie)

«  Le petit Nicolas africain » Florida (  deuxième partie)

                       

 

            « Le premier jour, lorsque je suis rentrée de l’école, j’ai dit à ma maman que la maîtresse était gentille mais qu’elle avait pas bien compris. Elle m’avait donné un livre pour travailler qui n’était pas le bon. Elle nous avait d’abord fait travailler à cinq au tableau en expliquant des choses puis elle avait fait trois groupes et avait donné un livre par groupe. Il y avait un livre de CM2, un de CM1 et un autre pas pareil de CM1. Ma maman le soir est allée voir la maîtresse qui était en train de manger avec les enfants du centre, alors elle est revenue chez nous.

 

Après elle est repartie pour demander comment la journée s’était passée. La maîtresse a expliqué que j’écoutais, je travaillais, j’avais l’air intelligente et qu’on verrait « avec le temps pour le reste ». Cela veut dire quoi « on verrait » puisqu’elle m’avait déjà vue ? C’était peut-être pas très bon. Elle avait peut-être deviné que parfois je faisais que ce que je voulais. C’était tout de même une maîtresse française alors même si des fois elle comprenait pas bien, elle devait être très intelligente ! J’aurais peut-être rien dû dire à maman. Maman souriait et la maîtresse aussi. C’était bon signe. Puis maman a dit à la maîtresse que j’étais une bonne élève et que j’étais en CM1 comme Henry et Julien. La réponse de la Dame a été « Oui, je le sais. Je crois que ce sont trois bons élèves. » Moi j’ai compris au ton de la voix, cette maîtresse a plein de voix, qu’on allait avoir des histoires. Ma maman a insisté « Alors pourquoi, maîtresse, as-tu donné un livre pas pareil à Florida ?». La maîtresse n’a pas plissé le front, elle ne s’est pas gratté la tête mais j’ai eu peur tout de même. Maman est très forte et elle est pas facile.

    La maman de Florida dans son travail de charbonnière.

Heureusement la maîtresse est restée très calme. Je crois qu’elle a parfois « une patience à casser les cailloux ». Elle a expliqué qu’elle avait un seul livre de chaque et qu’il fallait bien qu’elle nous laisse seuls pour travailler avec les autres. C’est vrai mais je crois qu’elle n’a pas voulu tout dire. Ma maman ne sait pas lire alors la maîtresse a dû penser : « allons au plus simple ». Ma maman a insisté. La maîtresse a dit que je savais un peu moins de choses que les deux autres qui étaient un peu plus âgés. Maman m’a regardée et j’ai pensé que j’aurais rien dû dire. Maman a demandé si on avait « les Bérés » de l’école. Moi j’étais pas pour retravailler avec les vieux  « Bérés » que je connais et qui sont déchirés. Parfois il manque une page ; et le livre de la maîtresse est plus joli. J’aurais pas dû me plaindre à maman. La maîtresse a dit « Ce n’était pas la peine que je vienne de si loin si c’est pour refaire comme le maître! De toute façon la maîtresse c’est moi. Ici je ne sais pas comment vous dites mais en France nous disons : « A chacun son métier et les vaches seront bien gardées ». Avez-vous compris ce proverbe ? ». Maman a fini par rire et elle est partie. Je suis restée avec le livre de CM1 et ma maman et la maîtresse sont devenues amies.

La grand-mère de Florida

 

 

            Le matin, lorsqu’elles se croisaient elles se disaient : «  Bonjour voisine comment vas-tu ? » et le soir elles se disaient « La journée a été bonne voisine ? ». Après le travail, elles s’asseyaient sur la plaque de béton et elles discutaient dans l’obscurité pour les moustiques. Avec cette histoire, ma maman a dit à la maîtresse que je ne voulais pas l’aider... Elle a dit « celle-là tu peux lui taper dessus si elle veut pas elle veut pas » La maîtresse a répondu que les enfants doivent aider leurs parents et que, dans sa famille à elle, les enfants aidaient. Là ma maman a été très surprise car elle croyait que les enfants en France ne faisaient rien. Elles ont souvent discuté sur les différences entre la France et le Bénin. C’est pas du tout pareil, mais c’est pas du tout ce qu’on croyait.

            Je voudrais devenir maîtresse mais parfois je dors en classe ou je fais semblant de travailler. Parfois je veux bien recopier mais je refuse de réfléchir.  Cette maîtresse disait « pour réussir il faut comprendre ce qu’on demande. Il faut comprendre les consignes. Ensuite on réfléchit et seulement après on fait le travail demandé. Ensuite la correction est très importante ». A la fin j’ai fini par comprendre que travailler sur les consignes, c’est travailler et c’est très fatigant de réfléchir !

 

  

            Le jour où la maîtresse a décidé de nous faire ramasser les saletés du centre, de la piste, des champs…, le soir elle a parlé avec maman. Le lendemain maman avait allumé un grand feu pendant que tout le monde ramassait les saletés chez moi. Il y avait : des piles ça c’est le plus dangereux, des plastiques où la pluie reste pour permettre aux moustiques de se laver, des petites boîtes de concentré de tomate, des chiffons…. Après on a tout trié par paquet puis on a brûlé ce qu’on a pu, surtout qu’il s’est mis à pleuvoir ! Le lendemain, la maîtresse s’était débrouillée pour que le frère Bazil qui arrivait du Brésil (sur l’Atlas on a vu que c’était le continent américain, avec cette maîtresse on a beaucoup voyagé), vienne nous parler de la propreté et des moustiques qui se cachent dans les plastiques." 

  

Séquence de ramassage des papiers...

Bon, c’est pas tout ça, faut que j’arrache les herbes du champ…

A bientôt !

Evelyne

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