Bilan de l'année de septembre 2018 à septembre 2019

         Cet été, la présidente de l’association ABCD s’est rendue au Bénin du 8 juillet au 18 août 2019.

Les deux premiers jours du séjour se sont déroulés à la maison de la Fraternité à Natitingou. Cet hébergement lui a permis d’échanger sur le centre Sezze avec le père Servais, notre correspondant sur place.

Puis elle s’est installée pour quatre semaines au centre Sergio Bertoldini dit centre Sezze situé à Tépenté, ancien quartier de Pampam. Le Père Servais ne partant pour l’Italie que le huit août, des échanges ont pu avoir lieu si nécessaire, durant ces quatre semaines, sur le bon fonctionnement du centre malgré l’état de la piste.

Les adultes du centre

            Cette année, la maîtresse couturière poursuivait la formation de quatre apprenties. Ces dernières ont considérablement progressé. Leur libération (obtention du diplôme) est à envisager sous peu.  (Denise, la nouvelle cuisinière)

                          

     La jeune cuisinière de l’an passé a été remplacée par une femme d’une cinquantaine d’années : Denise. Cette femme a volontairement fait le choix d’intégrer la maison d’accueil car elle cherchait une structure familiale et souhaitait être en contact avec les enfants. Elle est bienveillante à leur égard. Elle maîtrise la cuisine africaine et tente de varier ses feuilles pour les sauces en fonction des disponibilités. Malgré sa bonne volonté, des difficultés demeurent. Non seulement analphabète, elle ne sait ni parler français ni compter. Dans de telles conditions, la moindre modification apportée dans l’alimentation devient complexe et conflictuelle. Nous avons pu cependant parfois travailler dans ce sens. 

L’adjoint du responsable a également été remplacé. Il s’investit d’avantage dans son travail que son prédécesseur et est désireux de l’effectuer au mieux. Cependant, les réticences par rapport aux moindres petites modifications existent car il vit ces dernières comme une attaque personnelle.

            De sérieux progrès ont été réalisés dans le fonctionnement et l’organisation du personnel. Cependant, des dysfonctionnements existent. Le travail d’équipe demeure inexistant. La moindre nouveauté ou suggestion est vécue comme une remise en cause et une ingérence. Nous sommes souvent dans le développement de « la palabre » mais non dans le dialogue ouvert et constructif. Le temps sera peut être un allié.

 

La couturière et une cliente

    En octobre prochain, l’organisation de la maison sera revue pour la nouvelle année en tenant compte des besoins mais aussi de la réalité du terrain.

Les enfants

 Les enfants devant le dortoir

            D’un effectif de 12 enfants, nous sommes passés à un effectif de 30. En raison de l’extension des locaux du centre, la maison peut accueillir 40 enfants. Cet effectif, pour des raisons d’espace et de choix, ne devrait pas aller au-delà.

            Fin juin, les enfants, suite aux vacances scolaires, étaient retournés dans leur village ou des familles d’accueil, sauf quatre sans solution. Ils sont donc revenus pour participer aux cours de vacances assurés par la présidente.

Pour diverses raisons (surtout transports, maladies…) seuls 25 enfants ont pu revenir au centre pour l’été. Ils avaient entre 3 ans et 12 ans. Une petite fille s’était égarée dans le groupe.

            Pour des raisons d’absence de personnel, nous avons déploré la fermeture provisoire du petit centre de soin durant l’été. Heureusement, les cas de paludisme ont été moins graves et moins nombreux que l’an passé. Nous avons eu une otite purulente avec le retour de l’enfant chez son tuteur.

Travail sur place de la présidente

Vérifier l’emploi des sommes versées durant l’année.

            Ces sommes ont été correctement affectées aux postes prévus (la fin du financement du château d’eau, la participation au forage). Le tout fonctionne correctement.

Les cours de vacances (pédagogie, éducatif, gestion de groupe).

 

            Dans la grande majorité des cas, les enfants sont désireux d’apprendre. Pour beaucoup, l’effort fourni pour progresser est important. Le moindre encouragement surtout pour les plus faibles les valorise, leur donne confiance en eux et stimule leur soif d’apprentissage. Il est donc important de travailler sur le renforcement positif.

            Face à la diversité des niveaux, des besoins, des capacités… et à la pauvreté du matériel prendre seule en charge les enfants est peu productif. Cette année, 3 élèves de fin de troisième, deux filles béninoises et un garçon togolais, nous ont apporté leur aide.

Les deux jeunes filles nous ont aidés durant dix jours. Nous les en remercions. Elles ont suivi une formation accélérée pour découvrir les jeux éducatifs. Elles ont ainsi pris en charge, avec sérieux et plaisir, les enfants de maternelle et de CP. Le soir ou durant les périodes de pause, la responsable retravaillait l’apprentissage de la lecture avec les plus faibles. Nous avons surtout utilisé la méthode syllabique qui est la méthode employée au Bénin. Les jeunes filles et leurs  « élèves » ont vécu cette expérience de façon très positive. Le résultat a été plus mitigé pour le jeune homme. Il lui a été difficile d’assumer ses responsabilités et surtout d’accepter les conseils. Cependant, son aide a été précieuse. Après concertation, il a eu en charge, en alternance, avec Madame REYRE, les enfants du CE1 au CM2.

            La première semaine, nous avons proposé  l’intégration des élèves du village durant les heures de cours. Face à la faiblesse des effectifs, une visite aux familles a été organisée et nous avons mis en place un planning plus adapté. Ceci n’a pas changé les effectifs des villageois. Une seconde visite aux familles a montré que les enfants étaient occupés dans les champs ou à des tâches ménagères.

            Cette année, les sorties pédagogiques ont été peu nombreuses par manque de temps et par désir de progresser dans les pré-requis de l’apprentissage de la lecture. Nous avons été particulièrement vigilants à la compréhension et l’expression orale et écrite. Dans ce secteur, une partie des enfants avait nettement progressé par rapport à l’an passé. Ceci s’est ressenti au niveau de la rédaction de tous petits textes. Cette progression a été facilitée par le moment du conte du soir.

La lecture est relativement bien maîtrisée par l’ensemble des élèves de CM1 et CM2 voire de CE2.  Par contre, aucun enfant n’a, à ce jour, accès à la lecture courante des livres de son âge. Ceci peut s’expliquer par :

-          la complexité des structures de phrases,

-          la méconnaissance des champs lexicaux,

-          des histoires trop éloignées du contexte de vie,

-          un imaginaire très peu sollicité, idem pour la créativité,

-          pas de transmission d’histoire orale durant la prime enfance.

Le travail a surtout porté sur :

-          la construction des phrases,

-          les différentes cultures à travers le temps et l’espace, les différents modes de vie… (objectif ouverture de l’esprit),

-          la géographie, la faune, la flore.

-          le programme de mathématiques en vigueur au Bénin a été revu.

            Nous avons également travaillé sur les consignes, l’hygiène (propreté, alimentation, santé), l’obéissance, l’organisation. Nous avons rappelé certaines valeurs morales et citoyennes comme le respect de l’autre, l’entraide, l’importance de la vérité, comment arriver à se repérer dans les doubles consignes contradictoires, la place de l’individu dans le groupe… ce, autant en classe que dans la vie quotidienne.

            Cette année, la présidente a, comme l'an passé, expliqué l’importance de l’éducatif et le lien existant entre le pédagogique et l’éducatif. Elle remarque que l’éducatif touche inévitablement à différents secteurs : alimentation, gestion du temps, hygiène, repos, vêtement… avec dans ce cas, vu les effectifs, la gestion d’un groupe. Un groupe implique la cohésion de tous ses membres avec une vie communautaire mais aussi le respect de l’individu car la diversité de chacun fait la richesse du groupe. Certes, il faut éviter de générer les jalousies mais il faut aussi que chacun apprenne que nous n’avons pas tous les même capacités, les mêmes besoins … que nous n’évoluons pas au même rythme. Il ne faut pas confondre égalité et « nivelage ». Voilà un domaine dans lequel il serait nécessaire de réfléchir.

Autres activités :

-          Expérience de plantation à partir des graines (haricots verts, beurre, mi-secs, courges, fèves) données sur Cancale et Coignières,

-          Echange de graines contre deux plants de bananier,

-          Vérification de l’état du linge, encadrement des activités de ménage…

-          Prise des repas avec les enfants,

Petites animations le soir avec plus spécifiquement des jeux de sociétés, des legos, des histoires…

 

Projets réalisés sur place :

-          Le château d’eau et le forage donnent pleine satisfaction et allègent les activités des enfants.

-          L’un des bâtiments a été agrandi et modifié pour permettre la mise en place d’un grand dortoir. Les casiers pour déposer les sacs sont terminés, la peinture est réalisée.

-          Un autre bâtiment a été transformé en bibliothèque. Les jeux et les livres apportés cette année et l’an passé, sont disposés sur les rayonnages.

-          L’extérieur des bâtiments a été recouvert soit de pierre soit de peinture.

-          Le riz blanc a été remplacé, dans la mesure du possible, par du riz complet.

-          Un emplacement pour un petit jardin a été envisagé. Actuellement il est le royaume du piment et de l’amarante qui ne dérangent pas le développement de nos graines.

-          Une tentative de plantation (un plant) concernant l’artémésia africa a eu lieu. Elle s’est soldée par un échec dont nous avons analysé les causes. Cependant, un lien a été établi avec le jardinier de l’évêché pour qui le début de ce programme est positif.

            En raison du nombre de fillettes en attente d’un orphelinat, le Père Servais a entrepris de créer un nouvel orphelinat pour les filles à Boukombé. Cet orphelinat fonctionnera en dehors de l’association mais il est bon d’en connaître l’existence et de savoir ainsi qu’il n’existe pas de sexisme.

            Notre unique élève de CM2 passe en 6^ème et nous quitte donc pour entrer au séminaire (provisoirement). Dans l’ensemble, nos enfants sont de bons élèves par rapport aux élèves du village. Ceci s’explique en grande partie, par notre valorisation de l’école, leur ponctualité, leur assiduité, la vérification de leur travail du soir.

Activités de l’association durant l’année.

               Notre association demeure petite et récente mais cela ne l’a pas empêché d’être active.

-          Elle a participé au forum des associations de Coignières en septembre en partageant les stands de deux associations locales qui ont accepté de l’accueillir : Porte Plume et L’ASTIC.

-          Elle a été invitée par le lycée Bascan (78) à participer à la semaine de la solidarité. Dans ce cadre, elle a présenté l’orphelinat à quatre classes demandeuses. Ces photos ont servi de toile de fond pour le lieu d’accueil du bol de riz.

-          En fin d’année, dans ce même lycée, elle est intervenue au niveau d’une classe de terminale. Lors des portes ouvertes du lycée, elle a vendu des croissants. Par ailleurs, le CVL du lycée lui a versé une somme d’un euro par entrée au bal de fin d’année. Ces sommes ont été utilisées pour le forage et le futur achat de lits.

-           Le CVL et la MLD du  lycée Violet le Duc (78) ont organisé une vente de crêpes lors de la journée portes ouvertes. La classe de 3ème prépa pro, grâce à une enseignante dynamique, a organisé une course de la solidarité. Une partie des sommes récoltées a été utilisée pour le forage, les sommes restantes seront utilisées pour l’achat des lits.

-          Le lycée des Rimains (35) qui avait projeté d’envoyer en éclaireur deux élèves, un CPE et un enseignant à Pampam pour élaborer un véritable partenariat, a renoncé au projet au vu de l’actualité. Cependant, il œuvre pour pouvoir réaliser ultérieurement ce projet. A travers ses ventes de barres de chocolat, son repas solidaire, sa générosité et son investissement, il va largement contribuer à notre prochaine dépense (achat des lits superposés).

 

-          Par ailleurs, des dons directs ont permis le financement les repas de  fin d'année.

Projets octobre 2019 à septembre 2020

La présidente pense se rendre à nouveau sur place l’été prochain et y remplir sensiblement les mêmes fonctions. Elle recherche une personne ou deux souhaitant l’épauler dans ces tâches. Cependant, elle souhaite également partager ses expériences et la découverte d’un monde éloigné du nôtre.

Un devis concernant les structures de lits superposés en bois réalisés par un menuisier local doit nous parvenir.

Nous pensons financer l’achat de ces lits. Les matelas devraient être financés par le Père et les italiens.

Il faudra également songer aux draps, protections, couvertures mais chaque chose en son temps.

Il nous sera aussi nécessaire de réfléchir, le moment venu, à un frigo solaire.

Nous avons collecté des livres adaptés à nos enfants et des jeux éducatifs.

Comme le montrent toutes les réalisations sur place, en un temps si court, le pére Servais fondateur du centre se révèle toujours aussi actif.

Evelyne