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Association Afrique Bénin Cancale Dol
20 mars 2020

Le gecko et le zèbre

 

 

« Une Grenouille vit un bœuf

Qui lui sembla de belle taille.

Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf. »

….

                En relisant cette fable de Monsieur Jean de La Fontaine, je songe à une histoire racontée dans la nuit d’une salle de classe où l’orage fut tel que nous avions suspendu les cours.

                Le vent claque et tente de soulever la toiture de la modeste salle. La pluie crépite sur le toit, résonne dans nos oreilles, s’engouffre dans nos têtes et ouvre la porte aux peurs. A la dernière saison des pluies, la toiture s’est envolée laissant la place libre à la folie de la nature. Au petit matin, plus de protection pour les écoliers, plus de livres, plus de cahiers, seul régnait le chaos du désastre. Chacun a fait ce qu’il a pu pour recoiffer les bâtiments où nous sommes mais l’eau, ce serpent insaisissable, s’insinue et tombe sur le ciment. Je n’ose décréter la fermeture de la classe car comment rejoindre dans cette pataugeoire, sous ce déluge, la maison d’accueil à cinq minutes d’ici ?

 

bénin classe

                 Dans ces classes, les fenêtres sont nombreuses mais elles ne comportent pas de carreaux. Elles sont fermées par des persiennes en fer qui protègent du soleil mais minimisent la lumière. Durant la classe, nous laissons la porte ouverte pour avoir un peu de luminosité mais bien souvent, en raison de la différence de clarté avec l’extérieur, on se croirait dans une caverne. A ceci s’ajoutent les contre-jours. Le réseau électrique est à des années-lumière de Pampam et l’école n’a pas la chance d’avoir un soupçon de panneaux solaires. Le souffle du vent a balayé le soleil, emporté le bleu du ciel et renversé un encrier de noir. Nous ne voyons même plus nos plus proches voisins. Le froid, l’humidité pénètrent notre petit groupe. Je propose de former un troupeau « de chèvres » pour nous maintenir au chaud et tente d’imaginer un conte.

chèvre

                 Cette histoire sera finalement racontée en fin de journée en raison du bruit des éléments déchaînés qui envahit tout l’espace.

 

camion frére Luc

                Un jour, sur la piste poussiéreuse allant de la maison d’accueil à la ferme pédagogique, un zèbre croisa un gecko. Vous savez ! Un de ces lézards si vifs que vous avez à peine le temps de percevoir son habit de lumière arc-en-ciel. Il ignore la discrétion mais toujours en éveil, rapide comme l’éclair, il peut se permettre cette fantaisie même si certains apprécient de sucer ses os. Ce petit animal, aimant se dorer au soleil,  ressemble à un clown bariolé effectuant des pirouettes. Celui dont je vous parle avait perdu de sa superbe. Ses couleurs avaient viré au gris. Il se traînait lamentablement sur la piste en soulevant ses membres frêles comme des arêtes de poisson. Il suffoquait pris entre l’étau de la poussière de la piste et le feu du soleil. Le zèbre lui demanda ce qu’il avait. Il lui répondit qu’il avait été piqué dans son sommeil par un scorpion.

scorpion

 Un scorpion

                 Pendant deux jours entre la vie et la mort, il n’avait rien bu et rien mangé. Maintenant, il avait faim et soif mais était trop faible pour attraper ne fût-ce qu’un minuscule moustique. Le zèbre ricana et détala en soulevant un nuage de poussière.  

 

 Géko

Un gecko

Les enfants sortaient de l’école. Ils virent le petit mendiant et en eurent pitié. Chacun alla dans sa case et ramena ce qu’il put : un termite, une fourmi, un papillon, un moustique, un morceau de mangue. Puis ils lavèrent le reptile et le portèrent à l’ombre d’un tamarinier. Trois jours plus tard, le zèbre repassa. Il vit surmontant un mur, le gecko tout fringant. Le quadrupède lui demanda des explications. A la suite de ces dernières, il se dit qu’il était bien sot de s’exposer aux fauves et de chercher sa pitance dans la savane toute sèche. Il repéra l’horaire de la sortie de l’école. Il décida d’imiter un zèbre très très malade. Ce fût difficile car il se portait à merveille. Heureusement, il était bon comédien. Lorsque les enfants le virent si souffrant, ils se rendirent chez eux. Comme l’animal les impressionnait par sa taille et qu’ils ne pensaient pas pouvoir s’en sortir seuls, ils demandèrent l’aide des adultes du village. Tout le monde vint voir le malade qui battait à peine l’extrémité de ses cils tant il était faible.

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Un homme s’approcha, souleva la tête du cheval zébré, mit son oreille contre son ventre. Il se releva et dit aux villageois : « Je sais de quoi cet animal souffre. Je vais chercher de quoi le soigner. » Il revint portant une corde qu’il glissa autour du végétarien et lui dit : «  Mon bonhomme, ta maladie je la connais, c’est de la fainéantise. Le meilleur remède est le travail. Demain, dès cinq heures, tu m’aideras au champ ». L’animal fût enfermé dans une cour close. Heureusement, la porte tenait mal. Il pût s’enfuir. De ce jour, tous les zèbres évitent les villages et surtout ceux de Tépenté et de Pampam.

Morale de cette histoire : Ce qui est bon pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre.             

 

Evelyne

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