Brigitte et la population béninoise

Pour vous donner des informations précises sur la population du Bénin je suis allée voir Chiara une italienne qui a créé une école à Natitingou. Cette dame est toujours la directrice de l’école mais comme elle a plus de soixante cinq ans elle cherche quelqu’un pour la remplacer. J’aimerais bien la remplacer mais ce n’est pas possible avec mes 14 ans et le peu d’études que j’ai faites.   

Elle m’a dit qu’au recensement de 2017 la population béninoise était de 11 186 785 habitants mais bien sûr ce chiffre bouge sans cesse.

Je pense que ce chiffre est approximatif car dans la savane éloignée malgré l’existence des maires certaines personnes ne sont pas déclarées. Comme dans ce pays il y a environ 48,5% de Catholiques (Chrétiens, Protestants, Témoins de Jehova), 27,7% de Musulmans, 11,6% d’adeptes du Vaudou et que finalement tout le monde est Animiste on ne peut pas compter sur les registres des religieux pour aider l’état à savoir combien nous sommes exactement.                                                 

 

Eglise Catholique de Manta, commune de Boukoumbé.

Son architecture rappelle celle

des tatas Samba de la région

 Investiture du nouvel imam à Natitingou

Temple des pythons à Ouida

Case d'un sorcier à proximité de Boukoumbé

Un jour dans une famille il y a une naissance et trois jours après il y a un mort (taux de mortalité infantile en 2015 : pour 1000 naissances 55 décès). La superficie est fixe mais la population augmente sans cesse. Mon dernier petit frère est mort à l’âge de 6 mois. Maintenant je suis l’aînée d’une famille de cinq enfants et comme j’ai 14 ans je travaille dans les champs. C’est ma petite sœur de 10 ans qui s’occupe des plus petits lorsque nous sommes dans les champs.

La taille des familles est très variable. Au planning familial de Natitingou l’infirmière m’a dit que le taux de fécondité des femmes est de 4,86. Au début je n’ai pas compris le 0,86. Comment une femme peut elle avoir seulement des bouts d’enfant? Pour que vous compreniez bien je vous précise qu’il s’agit de moyenne. Certaines n’ont pas d’enfant comme ma tante Jeanne d’autres en ont huit comme ma voisine Hélène. Comme à la campagne il y a plus de place il y a aussi plus d’enfants (milieu rural 5,4 / urbain 4,3)

«  La jeunesse c’est l’avenir ». Mon pays est plein d’avenir car sa population est jeune (les 0-14 ans représentent 43,04% de la population). Pour l’instant c’est un gros problème car il faut nourrir les plus petits et la population en âge de travailler réellement, 15 à 65 ans, ne représente que 53,8% de la population. Pour comprendre la situation il suffit de savoir que de 1977 à 2014 la population est passée de 3,3 millions à 9,9 millions. Le gouvernement a pris conscience de démographie galopante et tente de l’endiguer mais il faudra attendre les années trente pour commencer à percevoir l’efficacité de cette nouvelle politique.

 Source : Organisation des Nations Unies

Je voudrais deux enfants mais je ne voudrais pas utiliser les moyens de régularisation des naissances alors cela risque d’être compliqué. Mes copines au village pensent comme moi que « la pilule ça fait grossir, ça empêche ensuite d’avoir des bébés, ça rend malade… »

Maintenant que je grandis il faut que je fasse attention. Beaucoup de filles de 16 ans ont déjà un enfant et le père en a déjà ailleurs (plus du ¼ des moins de 18 ans ont déjà été mère). J’ai des copines qui ont dû se débrouiller seule avec le bébé. Cela explique le nombre de nos orphelinats. Parfois les parents veulent que la fille avorte mais la fille ne veut pas. Parfois la fille se réfugie chez le curé ou chez les sœurs. Certaines finissent par avorter trop tardivement.

 

Avant la distribution des vêtements                

Blanc! La bonne idée! 

L'infirmière m’a dit que l’espérance de vie des Béninois à la naissance est de 61,9 années et comme je suis une fille elle est un peu plus grande. Il me reste donc à vivre environ 52 ans. Je trouve que cela fait beaucoup surtout si je dois rester au village travailler dans les champs. Je voudrais être coiffeuse mais pour cela il faudrait trouver une patronne et la payer pour m’apprendre le métier même si je l’aide à faire plein de petites choses. Ensuite pour récupérer le diplôme il faudrait payer ma libération. Ce serait bien si le père Servais pouvait trouver une solution pour que nous apprenions un métier sans la patronne.